Partout en France, ils réussissent à cultiver des kiwis : voici comment ils font

Partout en France, ils réussissent à cultiver des kiwis : voici comment ils font

La culture du kiwi en France connaît un essor étonnant, s’étendant bien au-delà des régions traditionnellement reconnues pour leurs conditions climatiques favorables. De la Bretagne à l’Île-de-France, en passant par des endroits inattendus comme l’Alsace, des jardiniers passionnés parviennent à acclimater ce fruit exotique, défiant les idées reçues sur ses exigences climatiques. Le secret de leur succès ne réside pas dans un miracle, mais dans une combinaison de savoir-faire, de techniques adaptées et, surtout, du choix judicieux des plants. Grâce à l’utilisation de microclimats et à des échanges de connaissances via des communautés en ligne, le kiwi, souvent considéré comme une culture strictement méridionale, trouve en réalité des terres d’accueil dans tout l’Hexagone.

Choisir la variété de kiwi adaptée à votre région

La première étape vers une récolte abondante est sans conteste la sélection de la variété. Loin de se limiter au classique kiwi vert ‘Hayward’ des supermarchés, l’univers des kiwis, ou actinidias, est riche et diversifié. Le succès de nombreux jardiniers amateurs dans des régions au climat plus frais repose sur leur capacité à opter pour des variétés plus rustiques et mieux adaptées à leur terroir.

Les variétés classiques face aux plus rustiques

L’espèce la plus connue, Actinidia deliciosa, qui donne les gros kiwis velus, est frileuse. Elle craint les gelées tardives qui peuvent anéantir sa floraison et donc la production de fruits. Sa culture est historiquement concentrée dans le sud-ouest de la France. Cependant, d’autres espèces tirent leur épingle du jeu :

  • L’Actinidia arguta (kiwaï) : Souvent appelé kiwi de Sibérie, il est beaucoup plus résistant au froid, pouvant supporter des températures jusqu’à -25°C. Ses fruits sont plus petits, de la taille d’un gros raisin, avec une peau lisse qui se mange. Leur goût est souvent plus sucré et aromatique.
  • L’Actinidia kolomikta : Encore plus rustique, cette variété est aussi appréciée pour son feuillage décoratif panaché de rose et de blanc. Ses fruits sont plus petits mais très riches en vitamine C.

Des producteurs comme Denis Genier en Corrèze l’ont bien compris, en cultivant avec succès du kiwi et du kiwaï sur plus d’un hectare, prouvant que l’adaptation est la clé.

Les variétés autofertiles : une solution pour les petits espaces

Une contrainte majeure de la culture du kiwi est son caractère dioïque : il faut généralement un plant mâle pour polliniser plusieurs plants femelles. Pour les jardiniers disposant de peu de place, cela peut être un frein. Heureusement, il existe des variétés autofertiles comme ‘Solo’ ou ‘Jenny’. Bien qu’elles puissent fructifier seules, leur rendement est souvent amélioré par la présence d’un plant mâle à proximité. Elles représentent un excellent compromis pour une culture en bac sur un balcon ou dans un petit jardin de ville.

Tableau comparatif des principales variétés

Pour y voir plus clair, voici une comparaison des caractéristiques essentielles à considérer avant de faire votre choix.

Variété (Espèce) Rusticité (Température min.) Type de fruit Pollinisation Idéal pour
‘Hayward’ (A. deliciosa) -12°C Gros, velu, vert Nécessite un mâle (‘Tomuri’) Climats doux, grands jardins
‘Solo’ (A. deliciosa) -10°C Moyen, velu, vert Autofertile Petits jardins, culture en pot
‘Issai’ (A. arguta) -25°C Petit, peau lisse (kiwaï) Partiellement autofertile Régions froides, pergolas
‘Weiki’ (A. arguta) -25°C Petit, peau lisse (kiwaï) Nécessite un mâle Régions froides, production abondante

Le choix de la bonne variété est donc une décision stratégique qui conditionne toute la suite. Une fois cette sélection faite avec soin, il est temps de passer à l’action et de mettre les mains dans la terre.

Planter les kiwis : les étapes clés pour réussir

Une plantation réussie est la garantie d’une bonne reprise et d’un développement vigoureux de la liane. Le kiwi est une plante grimpante qui peut vivre plusieurs décennies et devenir très productive, à condition de lui offrir des conditions de départ optimales. Chaque détail compte, de l’exposition au type de support.

Le choix de l’emplacement : un facteur déterminant

Le kiwi a besoin de soleil et de chaleur pour bien mûrir ses fruits. L’emplacement idéal est un endroit ensoleillé et, surtout, à l’abri des vents froids et dominants. Un mur exposé au sud ou à l’ouest est parfait, car il emmagasine la chaleur durant la journée et la restitue la nuit, créant un microclimat favorable. C’est l’une des techniques les plus partagées par les jardiniers qui réussissent sa culture dans des régions moins clémentes. Pensez également au futur développement de la plante : elle a besoin d’un support solide pour s’accrocher, comme une pergola, une tonnelle ou des fils de fer tendus.

La préparation du sol : la base d’une bonne croissance

Le système racinaire du kiwi est sensible à l’asphyxie. Il lui faut donc un sol profond, léger et bien drainé. Il redoute le calcaire et préfère les terres légèrement acides. Avant la plantation, il est conseillé de travailler le sol en profondeur sur une large zone. Creusez un trou d’au moins 50 cm en tous sens. Améliorez votre terre de jardin en y mélangeant du compost bien mûr ou du fumier décomposé pour l’enrichir, ainsi que du sable de rivière ou des graviers si votre sol est lourd et argileux, afin d’assurer un bon drainage.

Le processus de plantation pas à pas

La meilleure période pour planter le kiwi est l’automne ou le début du printemps, hors période de gel. Voici les étapes à suivre :

  • Faites tremper la motte dans un seau d’eau pendant une dizaine de minutes pour bien l’hydrater.
  • Dépotez délicatement la plante et démêlez doucement les racines si elles forment un chignon.
  • Placez la motte au centre du trou, en veillant à ce que le collet (la base du tronc) affleure le niveau du sol. Ne l’enterrez jamais trop profondément.
  • Rebouchez le trou avec le mélange de terre préparé, en tassant légèrement autour de la motte pour éliminer les poches d’air.
  • Aménagez une cuvette d’arrosage autour du pied et arrosez abondamment, même s’il pleut. Comptez au moins 15 litres d’eau.
  • Installez un bon paillage au pied pour conserver l’humidité et protéger les jeunes racines.

Une fois les plants en terre, un autre aspect fondamental doit être pris en compte pour espérer un jour récolter des fruits : la pollinisation.

Les besoins en pollinisation et la plantation en duo

Avoir une belle liane de kiwi qui pousse vigoureusement est une chose, mais obtenir des fruits en est une autre. Pour la plupart des variétés, la magie de la fructification ne peut opérer sans la rencontre entre des fleurs mâles et des fleurs femelles, un principe botanique essentiel à comprendre pour ne pas être déçu.

Comprendre le principe de la dioécie chez le kiwi

Le terme « dioïque » signifie que les organes reproducteurs mâles et femelles sont portés par des individus différents. Concrètement, vous aurez des plants de kiwi qui ne produiront que des fleurs mâles (avec des étamines chargées de pollen) et d’autres qui ne produiront que des fleurs femelles (avec un pistil qui deviendra le fruit après fécondation). Un plant femelle seul ne donnera jamais de fruits. Il est donc impératif de planter au moins un représentant de chaque sexe pour assurer la pollinisation, qui est principalement réalisée par les insectes, comme les abeilles.

Le bon ratio : combien de mâles pour combien de femelles ?

Le plant mâle ne produit pas de fruits, son unique rôle est de fournir le pollen. Il est donc inutile d’en planter autant que de femelles. En général, on considère qu’un seul plant mâle est capable de polliniser efficacement entre cinq et huit plants femelles. Il doit être planté à une distance raisonnable, idéalement à moins de dix mètres, pour que les insectes butineurs puissent facilement voyager de l’un à l’autre. Lors de l’achat, les plants sont clairement étiquetés « mâle » ou « femelle » avec le nom de la variété correspondante (par exemple, le mâle ‘Tomuri’ est le pollinisateur attitré de la femelle ‘Hayward’).

Le choix d’un duo compatible est crucial, car les périodes de floraison doivent coïncider pour que la pollinisation ait lieu. Les pépiniéristes proposent généralement des paires qui fonctionnent bien ensemble.

La plantation est faite, les conditions de pollinisation sont réunies. Il faut désormais accompagner la plante dans sa croissance pour qu’elle s’installe durablement et se prépare à produire.

Soins essentiels après la plantation pour une bonne reprise

Les premières années sont décisives pour l’établissement de votre liane de kiwi. Des soins attentifs et réguliers durant cette période garantiront une plante saine, vigoureuse et prête à affronter les années. L’arrosage, le paillage et surtout la taille de formation sont les trois piliers de cet entretien post-plantation.

L’arrosage : un besoin constant mais maîtrisé

Le kiwi est une plante gourmande en eau, surtout pendant sa période de croissance et de fructification, du printemps à l’automne. Un manque d’eau peut entraîner un ralentissement de la croissance et la chute des jeunes fruits. Il est donc crucial d’assurer un arrosage régulier et copieux, particulièrement les trois premières années et durant les périodes de sécheresse. Visez un arrosage par semaine, en apportant une grande quantité d’eau (environ 20 litres) pour qu’elle pénètre en profondeur. Attention cependant à ne pas détremper le sol en permanence, car l’excès d’eau est tout aussi néfaste et peut provoquer la pourriture des racines.

La taille : un geste indispensable pour fructifier

C’est sans doute l’aspect le plus technique, mais il est fondamental. Sans une taille appropriée, le kiwi devient une masse de végétation inextricable et produit peu. On distingue deux types de taille :

  • La taille de formation : Elle se pratique les premières années en hiver. L’objectif est de former une charpente solide. On sélectionne une ou deux tiges principales que l’on palisse sur le support. À partir de ce « tronc », on laisse se développer des branches charpentières horizontales.
  • La taille de fructification : Une fois la charpente établie, cette taille se fait chaque hiver. Elle consiste à raccourcir les rameaux ayant porté des fruits et à sélectionner de nouvelles branches qui produiront l’année suivante. En été, une taille « en vert » permet de limiter la végétation exubérante et de favoriser l’ensoleillement des fruits.

Ces gestes précis sont largement documentés sur les plateformes vidéo comme YouTube, où des communautés de passionnés partagent leurs techniques, rendant l’apprentissage plus accessible.

Une fois la plante bien installée et correctement structurée, il faut penser à subvenir à ses besoins nutritionnels et à la protéger des éventuels agresseurs.

Fertilisation et protection contre les maladies

Pour soutenir sa croissance rapide et sa généreuse production de fruits, le kiwi a besoin d’un sol riche et d’un apport régulier en nutriments. Bien que robuste, il n’est pas non plus à l’abri de quelques maladies ou ravageurs. Une surveillance attentive et des pratiques préventives sont les meilleures garanties d’une récolte saine.

Nourrir la liane pour une récolte abondante

Le kiwi est une plante gourmande. Un apport de matière organique chaque année est indispensable pour maintenir la fertilité du sol. Au début du printemps, lorsque la végétation redémarre, incorporez par un léger griffage au pied de la plante du compost bien mûr ou un engrais organique spécial fruitiers, riche en potasse. Cet élément est essentiel pour le développement et la saveur des fruits. Un paillage organique (paille, feuilles mortes, tontes de gazon séchées) contribuera également à nourrir le sol en se décomposant lentement.

Identifier et traiter les problèmes courants

Le kiwi est relativement résistant aux maladies. La plupart des problèmes rencontrés sont liés à de mauvaises conditions de culture. La prévention est donc votre meilleur atout. Voici les soucis les plus fréquents et comment les éviter.

Problème Symptôme Solution préventive/curative
Pourriture des racines (Phytophthora) Flétrissement soudain du feuillage, jaunissement. Assurer un drainage parfait à la plantation. Ne jamais laisser d’eau stagner au pied.
Chlorose Décoloration jaune des feuilles, les nervures restant vertes. Signe d’un sol trop calcaire. Apporter un amendement anti-chlorose (chélate de fer) et pailler avec des matières acidifiantes (écorces de pin).
Araignées rouges Feuilles qui se décolorent, prennent un aspect grisâtre et présence de fines toiles au revers. Apparaît en atmosphère chaude et sèche. Doucher régulièrement le feuillage par temps sec. En cas d’attaque, pulvériser une solution de savon noir.

Une plante bien nourrie, correctement arrosée et plantée dans un sol adapté est naturellement plus forte pour résister aux agressions. Après une saison de soins attentifs, le moment le plus attendu arrive enfin.

Récolte et conservation des kiwis pour profiter toute l’année

L’aboutissement de tous ces efforts est bien sûr la récolte. Savoir quand et comment cueillir ses kiwis est essentiel pour pouvoir les savourer au meilleur de leur potentiel. La particularité de ce fruit est qu’il continue de mûrir après avoir été cueilli, ce qui permet une longue période de consommation si la conservation est bien menée.

Savoir quand récolter : le bon moment

La récolte des kiwis s’effectue tard en saison, généralement fin octobre ou début novembre, juste avant les premières fortes gelées. Les fruits doivent être encore fermes au toucher. Ne vous fiez pas à leur dureté : c’est normal. Un signe qui ne trompe pas est que les poils du fruit se détachent facilement lorsque vous les frottez. Pour les kiwaïs à peau lisse, la récolte se fait lorsqu’ils commencent à peine à ramollir sous la pression du doigt.

La technique de récolte et le processus de maturation

La cueillette est simple : saisissez délicatement le fruit et faites-le tourner sur son pédoncule pour qu’il se détache. Procédez par temps sec pour éviter que l’humidité ne favorise le développement de pourritures durant le stockage. Une fois récoltés, les kiwis se conservent plusieurs mois s’ils sont placés dans de bonnes conditions :

  • Placez les fruits en une seule couche sur des clayettes, dans un local frais, aéré et à l’abri de la lumière, comme une cave ou un garage. La température idéale se situe entre 5 et 10°C.
  • Pour faire mûrir vos kiwis au fur et à mesure de vos besoins, il suffit de les placer quelques jours à température ambiante dans une corbeille à fruits.
  • Astuce pour accélérer le mûrissement : placez les kiwis dans un sac en papier avec une pomme ou une banane. Ces fruits dégagent de l’éthylène, un gaz qui accélère la maturation.

Cette capacité de conservation est un atout majeur, permettant de déguster ses propres kiwis, riches en vitamine C, durant tout l’hiver.

L’aventure de la culture du kiwi, de la sélection du plant à la dégustation du fruit, est une expérience enrichissante. Elle démontre que la passion, l’observation et le partage de connaissances permettent de repousser les limites supposées de l’horticulture. Que ce soit en pleine terre dans un jardin de campagne ou en bac sur une terrasse urbaine, il est aujourd’hui possible pour de nombreux Français de transformer leur espace en un petit verger vitaminé, récoltant le fruit de leur patience et de leur savoir-faire.

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