Plongez au cœur de la Bretagne avec une recette qui sent bon le beurre salé et les traditions gourmandes. Le far breton n’est pas un simple gâteau, c’est un monument du patrimoine culinaire français, une douceur réconfortante qui évoque les repas de famille et les goûters d’enfance. Mais que se passe-t-il lorsque le plus médiatique des chefs français, Cyril Lignac, pose son regard malicieux sur ce classique ? Il en sublime la texture, en exalte les saveurs et nous livre une version à la fois authentique et incroyablement fondante. Loin d’être une simple liste d’instructions, cette recette est une invitation à comprendre les gestes qui font la différence, à maîtriser ce fameux appareil à far pour obtenir un résultat digne d’une pâtisserie. Préparez votre fouet, nous partons pour un voyage sensoriel où la simplicité rime avec perfection. Oubliez les fars compacts et secs, et préparez-vous à redécouvrir ce dessert dans une version crousti-moelleuse absolument irrésistible. Suivez le guide, le chef vous ouvre les portes de sa cuisine pour un moment de pur plaisir.
20 minutes
45 minutes
facile
€
Ingrédients
Ustensiles
Préparation
Étape 1
La première mission, et elle est capitale pour la gourmandise, consiste à réhydrater les pruneaux. Placez-les dans un petit bol et versez le rhum ambré par-dessus. Laissez-les s’imprégner de cet alcool parfumé pendant au moins trente minutes, voire une heure si vous avez le temps. Cette macération va non seulement les attendrir mais aussi leur conférer un arôme puissant qui se diffusera délicatement dans tout le gâteau à la cuisson. C’est le secret d’un far aux saveurs profondes.
Étape 2
Pendant que les pruneaux se délectent de leur bain de rhum, préchauffez votre four à 180°C, ce qui correspond au thermostat 6. C’est une température modérée qui assurera une cuisson douce et homogène. Dans une petite casserole, faites fondre 80 grammes de votre beurre demi-sel sur un feu très doux. Il ne doit surtout pas colorer, juste devenir liquide. Une fois fondu, retirez-le du feu et laissez-le tiédir tranquillement sur votre plan de travail.
Étape 3
Attaquons-nous maintenant au cœur du réacteur : l’appareil à far. Dans un grand saladier, que l’on appelle aussi une ‘calotte’ ou un ‘cul-de-poule’ dans le jargon des pâtissiers, versez la farine, le sucre en poudre et la petite pincée de sel. Mélangez ces poudres à l’aide d’un fouet pour bien les aérer. Ensuite, creusez un puits au centre, comme un petit volcan. Cette technique ancestrale permet d’incorporer les liquides de manière progressive et d’éviter la formation de redoutables grumeaux.
Étape 4
Cassez les quatre œufs directement dans le puits que vous venez de créer. Avec votre fouet, commencez à les battre délicatement en incorporant petit à petit la farine qui se trouve sur les bords. Allez-y doucement au début, en faisant des cercles du centre vers l’extérieur. Vous obtiendrez ainsi une pâte épaisse, lisse et bien élastique. C’est la base d’une texture réussie.
Étape 5
Une fois que votre pâte est bien homogène, il est temps de la détendre. Versez le lait entier progressivement, en un mince filet, tout en continuant de fouetter énergiquement. N’ayez pas peur de mettre de l’huile de coude ! Cette étape est cruciale pour obtenir une pâte parfaitement lisse. Votre appareil doit avoir la consistance d’une pâte à crêpes un peu épaisse.
Étape 6
Maintenant, la touche finale qui apporte tout le parfum et le fondant. Incorporez le beurre demi-sel fondu et tiédi, puis ajoutez l’extrait de vanille. Pour finir, versez le rhum qui a servi à la macération des pruneaux directement dans la pâte. Donnez un dernier bon coup de fouet pour que tous les arômes se mélangent harmonieusement.
Étape 7
Prenez votre plat à gratin en céramique. Avec les 20 grammes de beurre restant, beurrez-le très généreusement, sans oublier le moindre recoin. Ce beurre va nourrir le far et lui donner une belle couleur dorée sur les bords. Répartissez ensuite les pruneaux bien égouttés de façon harmonieuse au fond du plat.
Étape 8
Versez délicatement l’appareil à far sur les pruneaux. Ne remplissez pas le plat jusqu’en haut, car le far va légèrement gonfler à la cuisson. Enfournez sur une grille à mi-hauteur pour une durée de 45 minutes. Le far est cuit lorsqu’il est bien doré sur le dessus et que les bords se détachent légèrement du plat. Pour vérifier la cuisson à cœur, plantez la lame d’un couteau au centre : elle doit ressortir propre et sèche.
Étape 9
Une fois la cuisson terminée, sortez le far du four et laissez-le tiédir sur une grille. Ne soyez pas tenté de le démouler ou de le couper immédiatement, il est encore fragile. La patience est une vertu en pâtisserie ! Il développera toutes ses saveurs en refroidissant. Il se déguste tiède ou à température ambiante, mais jamais froid.
Mon astuce de chef
Pour une croûte encore plus gourmande et caramélisée, beurrez généreusement votre plat, puis chemisez-le avec du sucre en poudre avant de verser la pâte. On appelle ça chemiser un moule. Pendant la cuisson, le sucre va caraméliser et créer une texture croustillante absolument divine qui contraste avec le fondant de l’appareil. C’est un petit geste de chef qui change tout et qui apportera un vrai plus à votre dessert.
L’accord parfait : un souffle de Bretagne dans votre verre
Le far breton, avec sa douceur et ses notes fruitées, s’harmonise à merveille avec un cidre doux artisanal de Bretagne. Ses fines bulles et sa légère sucrosité viendront épouser la richesse du dessert. Pour une option plus authentique et plus puissante, osez un verre de chouchen, l’hydromel breton, qui rappellera les saveurs authentiques de la région avec ses notes de miel. Enfin, pour les amateurs de boissons chaudes, un simple café noir bien serré ou un thé noir nature seront des compagnons de choix pour conclure le repas en beauté et contraster avec le sucré du far.
En savoir plus sur l’histoire du far breton
Contrairement à ce que son nom suggère aujourd’hui, le far breton originel ne contenait pas de pruneaux ! À l’origine, le ‘farz forn’ (far au four en breton) était une sorte de bouillie de sarrasin ou de froment, servie en version salée en accompagnement des viandes, notamment le fameux kig ha farz. Ce n’est qu’au XIXe siècle que la version sucrée, enrichie d’œufs, de sucre et de beurre, a vu le jour pour devenir le dessert que nous connaissons. Les pruneaux, fruits séchés faciles à conserver et donc prisés des marins, ont été ajoutés plus tard, probablement grâce au commerce maritime florissant de la région. Venus d’Agen, ils apportaient une touche fruitée et gourmande qui a si bien fonctionné qu’aujourd’hui, la présence des pruneaux est devenue presque indissociable de ce dessert rustique et généreux, véritable symbole de la gourmandise bretonne.









