Pendant que vous dormez, ils luttent pour survivre : 5 gestes simples pour sauver les hérissons cet hiver

Pendant que vous dormez, ils luttent pour survivre : 5 gestes simples pour sauver les hérissons cet hiver

Alors que les nuits s’allongent et que le froid s’installe, une lutte silencieuse se joue dans nos jardins. Loin des regards, le hérisson, petit mammifère emblématique de nos campagnes, entame une course contre la montre pour survivre à l’hiver. Sa population décline de manière alarmante, victime de la fragmentation de son habitat, des pesticides et des pièges de notre quotidien. Pourtant, des gestes simples, à la portée de chacun, peuvent faire la différence. Pendant que vous dormez, ils luttent pour leur vie, et nous avons le pouvoir de devenir leurs alliés les plus précieux.

Comprendre l’urgence environnementale : les dangers de l’hiver pour les hérissons

Une course contre la montre avant le grand froid

L’automne n’est pas une saison de tout repos pour le hérisson. C’est une période d’activité frénétique durant laquelle il doit impérativement accumuler des réserves de graisse suffisantes pour affronter plusieurs mois d’hibernation. Un jeune hérisson né tardivement ou un adulte affaibli n’aura que très peu de chances de survivre aux premières gelées. Les experts estiment qu’un poids minimum de 600 à 700 grammes est nécessaire pour espérer passer l’hiver. En dessous de ce seuil, le réveil au printemps est plus qu’incertain.

L’hibernation, un sommeil semé d’embûches

Contrairement à une idée reçue, l’hibernation n’est pas un sommeil continu. Le hérisson entre dans un état de léthargie profonde, abaissant sa température corporelle et son rythme cardiaque pour économiser son énergie. Cependant, il se réveille périodiquement, environ tous les dix jours, pour ses besoins naturels ou si son abri est perturbé. Chaque réveil est extrêmement coûteux en énergie et puise dans ses précieuses réserves de graisse. Un hiver particulièrement doux ou des dérangements répétés peuvent ainsi lui être fatals.

Les menaces qui pèsent sur leur survie

Au-delà des défis climatiques, les activités humaines représentent une menace constante. L’urbanisation galopante et l’agriculture intensive réduisent et morcellent leur territoire de chasse. Nos jardins, de plus en plus aseptisés, deviennent des déserts alimentaires pour ces insectivores. L’utilisation de pesticides et de granulés anti-limaces les empoisonne, soit directement, soit en contaminant leurs proies.

Maintenant que les risques sont clairement identifiés, il est temps d’agir concrètement. La première étape, et sans doute la plus cruciale, consiste à leur offrir un endroit sûr où passer ces longs mois de dormance.

Préparer un refuge hivernal : créer un abri sécurisé dans votre jardin

L’éloge du jardin naturel

Le meilleur abri est souvent celui que la nature fournit. Avant de vous lancer dans un grand nettoyage d’automne, pensez à la petite faune qui peuple votre jardin. Un simple tas de bois, un tas de feuilles mortes laissé dans un coin tranquille, ou le dessous d’une haie dense peuvent constituer un gîte cinq étoiles pour un hérisson en quête de quiétude. Laisser une petite zone de votre jardin en friche est un acte simple et puissant en faveur de la biodiversité.

Fabriquer un gîte pour hérisson

Si votre jardin est trop « propre » ou si vous souhaitez offrir une protection supplémentaire, la construction d’un abri spécifique est une excellente initiative. Nul besoin d’être un bricoleur expert. Voici quelques conseils pour un abri réussi :

  • Utilisez une caisse en bois solide, comme une caisse à vin, que vous retournerez.
  • Pratiquez une ouverture d’environ 13×13 cm, suffisante pour le hérisson mais trop petite pour les prédateurs comme les renards ou les gros chats.
  • Créez une sorte de « tunnel » ou de chicane à l’entrée pour le protéger du vent et des intrus.
  • Placez l’abri dans un endroit calme, à l’abri des vents dominants et des zones de passage.
  • Garnissez l’intérieur de feuilles sèches, de paille ou de foin pour l’isolation.
  • Recouvrez le tout de branchages et de feuilles pour un camouflage et une isolation parfaits.

Les matériaux à éviter

Il est impératif de ne jamais utiliser de matériaux en plastique pour la structure ou l’isolation. Ils ne respirent pas, condensent l’humidité et peuvent provoquer des maladies respiratoires ou fongiques chez l’animal. De même, évitez le tissu ou le journal, qui moisissent rapidement. Le bois brut non traité reste le meilleur choix.

Un abri confortable et sécurisé est une condition essentielle à sa survie, mais un hérisson ne peut hiberner le ventre vide. Il est donc tout aussi important de s’assurer qu’il dispose des ressources nécessaires pour constituer ses réserves.

Adapter leur alimentation : les nourrir sans compromettre leur sécurité

Un menu de substitution adapté

Si vous souhaitez aider un hérisson qui vous semble un peu maigre à l’approche de l’hiver, vous pouvez lui proposer un complément de nourriture. Attention cependant, tous les aliments ne sont pas bons pour lui. Le hérisson est un insectivore, son système digestif est donc adapté à un régime riche en protéines. La nourriture la plus recommandée est la nourriture pour animaux de compagnie. Optez pour des croquettes ou de la pâtée pour chat ou pour chiot, de préférence à la volaille.

Les aliments à proscrire absolument

Certains aliments, que l’on pourrait penser inoffensifs, sont en réalité très dangereux pour les hérissons. Leur offrir de la nourriture inadaptée peut causer de graves troubles digestifs, voire la mort. Voici une comparaison claire des aliments à privilégier et à bannir :

Aliments recommandés Aliments à bannir
Croquettes pour chat/chiot (non au poisson) Lait et produits laitiers (provoquent des diarrhées mortelles)
Pâtée pour chat/chiot Pain (aucun intérêt nutritionnel, fermente dans l’estomac)
Nourriture spéciale pour hérissons Restes de table (trop salés, trop sucrés, trop gras)
Eau fraîche et propre (indispensable) Graines et noix (inadaptées à leur dentition)

Les bonnes pratiques du nourrissage

Pour nourrir un hérisson, quelques règles simples doivent être respectées. Disposez la nourriture le soir, à la tombée de la nuit, dans une gamelle lourde et peu profonde pour éviter qu’elle ne se renverse. Placez toujours un bol d’eau fraîche à proximité, car l’eau est vitale. Arrêtez progressivement le nourrissage dès les premières fortes gelées pour ne pas perturber leur cycle naturel d’hibernation.

Offrir le gîte et le couvert est un soutien précieux. Cependant, nos jardins, même bienveillants, peuvent receler des dangers insoupçonnés qu’il est de notre devoir d’identifier et de neutraliser.

Éviter les pièges du quotidien : protéger leur habitat naturel

Vigilance lors des travaux de jardinage

Le jardinage automnal peut se transformer en véritable hécatombe pour les hérissons. Avant de passer la tondeuse, le taille-haie ou la débroussailleuse, prenez toujours le temps d’inspecter les zones à risque : les hautes herbes, le dessous des haies, les tas de feuilles. Un hérisson effrayé ne s’enfuira pas, il se mettra en boule, devenant une victime facile. De même, ne brûlez jamais un tas de feuilles ou de branchages sans l’avoir vérifié au préalable, car il pourrait s’agir d’un nid.

Sécuriser les points d’eau

Les piscines, les mares et les bassins aux parois lisses sont des pièges mortels. Le hérisson sait nager, mais il s’épuisera rapidement s’il ne trouve pas de point de sortie. Une simple planche de bois rugueuse, une grille ou un petit flotteur peuvent lui servir de rampe de secours et lui sauver la vie. Pensez également à couvrir vos piscines la nuit.

Bannir les poisons du jardin

Les granulés anti-limaces à base de métaldéhyde sont un poison violent pour toute la faune du jardin, y compris les hérissons qui peuvent les ingérer directement ou en consommant une limace empoisonnée. Les pesticides et herbicides détruisent leur garde-manger naturel. Privilégiez des méthodes de jardinage écologiques : paillage, pièges à bière pour les limaces, et introduction de prédateurs naturels. Un jardin vivant est un jardin sain pour tous.

Malgré toutes ces précautions, il peut arriver de croiser le chemin d’un animal en difficulté. Savoir comment réagir, sans paniquer, est alors primordial.

Surveiller sans déranger : être un gardien attentif et discret

Identifier un hérisson en détresse

Un hérisson en bonne santé est un animal nocturne. Le voir en plein jour est souvent un mauvais signe, surtout s’il semble apathique, titube, ou reste prostré. D’autres signaux d’alarme doivent vous alerter :

  • Un animal blessé ou qui saigne.
  • Un hérisson très petit (tenant dans la main) en automne ou en hiver.
  • Un animal pris au piège, dans un filet par exemple.
  • La présence de mouches ou d’œufs de mouches sur son corps.

Les gestes de premier secours

Si vous trouvez un hérisson qui vous semble en danger, la première chose à faire est de le mettre en sécurité. Prenez-le délicatement à l’aide de gants de jardinage épais ou d’une serviette et placez-le dans un carton haut. Mettez à l’intérieur une bouillotte enroulée dans un linge pour le réchauffer, ainsi qu’une petite gamelle d’eau. Ne lui donnez surtout pas à manger dans un premier temps.

Contacter les professionnels

Votre rôle s’arrête là. Un hérisson est un animal sauvage protégé par la loi. Vous ne devez en aucun cas tenter de le soigner vous-même ou de le garder. Le bon réflexe est de contacter immédiatement le centre de sauvegarde de la faune sauvage le plus proche de chez vous. Des vétérinaires et des soigneurs spécialisés sauront lui prodiguer les soins adaptés et lui donner les meilleures chances de survie.

Aider un individu est une action louable. Mais pour avoir un impact durable sur la préservation de l’espèce, il est essentiel de diffuser ces bonnes pratiques et de transformer l’effort individuel en une dynamique collective.

Favoriser l’engagement communautaire : sensibiliser et impliquer son entourage

Devenir un porte-parole pour les sans-voix

N’hésitez pas à partager vos connaissances et votre engagement. Une simple conversation avec vos voisins, le partage de cet article sur les réseaux sociaux, ou l’installation d’un petit panneau « Attention hérissons » peuvent avoir un effet multiplicateur. Beaucoup de personnes ignorent les dangers qui pèsent sur ces animaux et sont prêtes à agir si on leur explique comment.

Créer des corridors écologiques

Un hérisson a besoin d’un vaste territoire pour trouver sa nourriture et un partenaire. Nos jardins clos sont des obstacles à leurs déplacements. La solution est simple : créer des « autoroutes à hérissons ». Il suffit de ménager une petite ouverture de 13 cm sur 13 cm au pied de vos clôtures et de vos murs. Encouragez vos voisins à faire de même pour créer un réseau de jardins connectés, un véritable paradis pour la petite faune.

L’union fait la force

Pourquoi ne pas lancer des initiatives à l’échelle de votre quartier ou de votre commune ? Organiser un atelier de construction de gîtes à hérissons, une campagne de sensibilisation dans l’école locale ou une pétition pour l’arrêt des pesticides dans les espaces verts municipaux sont autant d’actions collectives qui peuvent avoir un impact significatif. Chaque geste compte, et ensemble, ils peuvent inverser la tendance.

Protéger les hérissons durant l’hiver est une responsabilité qui nous incombe à tous. En comprenant les dangers qu’ils affrontent, nous pouvons transformer nos jardins en véritables sanctuaires. Offrir un abri sécurisé, une alimentation d’appoint adaptée, sécuriser leur environnement contre les pièges du quotidien et savoir réagir en cas d’urgence sont des gestes concrets et efficaces. En partageant ces pratiques avec notre entourage, nous créons un réseau de bienveillance qui dépasse les limites de nos clôtures. Chaque jardin qui s’ouvre, chaque pesticide qui disparaît, est une victoire pour ces précieux auxiliaires, et pour la biodiversité dans son ensemble.

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